Où sont-ils ?

Visiter l’Amérique du Sud, au moins en partie, c’est se plonger dans l’histoire des civilisations précolombiennes puis des conquistadors, comprendre la présence des missions jésuites et l’évangélisation de ses territoires mais également appréhender l’histoire plus récente et notamment celle des dictatures militaires et de la gueria sucia (« guerre sale »).

Sous couvert de renforcer la sécurité nationale face à la menace communiste dans un contexte de guerre froide et de restaurer l’ordre, de nombreux crimes et atteintes aux Droits de l’Homme ont été commis pendant ces régimes militaires. En particulier, ceux instaurés par la junte du Général Videla en Argentine (de 1976 à 1983) et par le Général Augusto Pinochet au Chili, suite au renversement de Salvador Allende (du 11 septembre 1973 jusqu’en 1990).

Ces gouvernements ont eu recours aux mêmes méthodes : des régimes de terreur avec le contrôle des médias et l’élimination de toute forme d’opposition et donc desdits « subversifs ». Les polices créées à cet effet, des escadrons de la mort comme la Triple A en Argentine ou la DINA au Chili, enlevaient ceux qu’ils estimaient opposants et des membres de leurs familles, y compris des enfants.

Des milliers d’entre-eux furent emprisonnés dans des centres de détention clandestins, torturés et éliminés. Ces polices prenaient soin de faire disparaître les corps. Des centaines d’entre-eux furent retrouvés dans le désert d’Atacama ou dans les eaux du Rio de la Plata.

Nous avons visité deux Musées de la Mémoire retraçant ces années sombres. Le premier en Argentine en plein centre de Córdoba, situé dans l’ex-centre de détention clandestin le « D2 », le second à Santiago du Chili qui tient également lieu de mémorial en hommage aux victimes.

Le recensement des victimes est difficile et approximatif mais les associations et commissions de Droits de l’Homme estiment à 30.000 le nombre de disparus en Argentine. Elles dénombrent plus de 3.200 morts et disparus et plus de 38.000 cas de tortures au Chili.

Des investigations sont encore en cours sur la base des plaintes déposées tandis que les « Madres de la Plaza de Mayo » à Buenos Aires se réunissent tous les jeudis, pour obtenir des réponses sur le sort de leurs enfants disparus.

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